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Lutte contre l'exclusion - Hébergement d'urgence : François Fillon recevra les associations à la rentrée

L'annonce de la démission de Xavier Emmanuelli - le créateur et le président du Samu social de Paris depuis 1993 - a suscité un véritable choc dans ce qui était jusqu'alors une polémique récurrente sur les moyens de l'hébergement d'urgence. Au point d'inciter le Premier ministre à réagir. Dans un communiqué du 20 juillet 2011 - et tout en rendant hommage à l'action de Xavier Emmanuelli - François Fillon "rappelle que la situation des personnes sans abri constitue une préoccupation permanente du gouvernement et qu'il est, à titre personnel, très attentif aux difficultés rencontrées par ces personnes et à la situation du secteur du logement et de l'hébergement d'urgence". Pour calmer le jeu, il indique notamment qu'il recevra, à la rentrée, les associations "pour faire le point avec elles sur la préparation de l'hiver et, plus largement, sur les difficultés rencontrées". Sur les difficultés d'hébergement qui se sont fait jour ces dernières semaines, notamment chez certaines familles à la rue, le Premier ministre "rappelle qu'il existe des solutions, même provisoires, et demande que tous les moyens de l'Etat, en lien avec les collectivités locales, soient mobilisés afin de trouver des réponses appropriées, dans des centres d'hébergement ou en recourant à des chambres d'hôtel avant une orientation vers des solutions plus durables".

Chambres d'hôtel versus logements d'insertion

L'allusion aux chambres d'hôtel n'est pas anodine, dans la mesure où cette question est à l'origine de la polémique qui s'est développée ces derniers jours. Au départ, le président du Samu social et les associations ont réagi à l'annonce - qui remonte pourtant au mois de mai - d'une baisse des crédits affectés au financement de l'hébergement (-3,3% sur une enveloppe de 1,2 milliard d'euros) et, plus récemment, à celle d'une réduction des crédits alloués au Samu social de Paris. Ces diverses annonces se sont télescopées avec celle de la fermeture d'un centre d'hébergement parisien du Samu social. Réagissant à la polémique, Benoist Apparu a indiqué que le gouvernement comptait supprimer environ 4.500 places d'hébergement hôtelier (sur les 13.000 initialement prévues au budget 2011), pour les remplacer par de l'hébergement d'insertion. Contrairement à l'effet escompté, cette affirmation a relancé la polémique, encore renforcée par l'annonce, par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, que plus d'une centaine de familles avaient trouvé refuge aux urgences ces dernières semaines. L'objectif de procéder à cette substitution entre solutions d'urgence et solutions plus durables d'ici à la fin de l'année - autrement dit le début de l'hiver - semble en effet difficile à tenir, même en mobilisant fortement les dispositifs d'intermédiation locative, comme l'a promis le secrétaire d'Etat au Logement.
A cette polémique entre l'Etat et les associations, s'en ajoute une seconde, cette fois-ci entre l'Etat et la ville de Paris. Le premier rappelle en effet à la seconde qu'il lui incombe d'assurer - au titre de l'aide sociale à l'enfance (ASE) - la prise en charge des familles avec enfants, et notamment de celles qui se sont retrouvées aux urgences de l'AP-HP. Le maire de Paris a vertement répondu, dans un communiqué du 20 juillet, que la ville "assume totalement son rôle à ce titre, quand ces familles sans abri peuvent justifier d'une domiciliation ou d'un lien avec Paris" et qu'elle héberge également 1.600 mineurs étrangers, soit une dépense annuelle de 70 millions d'euros qui a doublé en deux ans. Il rappelle en particulier que "1.200 familles sont ainsi hébergées par la ville pour une dépense annuelle de 25 millions d'euros, ce qui représente une augmentation de 76% en cinq ans".

L'hébergement : une question de tuilage ?

Ces polémiques résument bien toute la difficulté de la question. D'une côté, il n'est pas contestable que l'Etat a fortement renforcé les moyens affectés à l'hébergement d'urgence, passés de 670 millions d'euros en 2007 à 933 millions d'euros en 2011 (et une somme du même ordre attendue est en 2012), soit une progression de près de 40%. Les collectivités - et tout particulièrement la ville de Paris, de très loin la plus concernée - ont fait de même. Mais, dans le même temps, les besoins se sont, eux aussi, fortement accrus. La principale difficulté réside toutefois dans les temporalités différentes de l'hébergement hôtelier et de l'hébergement d'insertion. Bien que décrié par tous les acteurs concernés, le recours aux chambres d'hôtel a le mérite d'être assez facilement mobilisable, même si son coût (de l'ordre de 1.500 euros par mois) se révèle au final supérieur à celui de solutions plus durables. A l'inverse, le développement de l'hébergement d'insertion prôné par le secrétariat au Logement fait l'objet d'un très large consensus parmi les associations. Mais le réalisme oblige à reconnaître que le développement de cette offre est une solution de moyen terme. Ceci vaut tout particulièrement à Paris et en Ile-de-France, où le coût du foncier et la concurrence exacerbée sur l'offre locative compliquent considérablement le montage des opérations souhaitées par le gouvernement. Selon la Fondation Abbé-Pierre, sur les 5.000 logements en intermédiation locative prévus en 2010, seuls 1.500 seraient aujourd'hui disponibles. Il est donc très probable que la question du "tuilage" de l'hébergement d'insertion et de l'hébergement hôtelier devrait être au coeur de la réunion annoncée par le Premier ministre.

 

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