Raccordements fibre complexes : la méthodologie de traitement partagée, reste le financement

Le cercle Credo vient de publier un guide pratique sur les raccordements fibre dits "complexes". Résultat d'une large concertation des acteurs de la fibre, il pose les bases d'une méthode pour finaliser la couverture FttH du territoire. Il ne résout cependant ni la question de la qualité des interventions ni le sujet financement.

Sur les 15,7 millions de raccordements clients restant à réaliser à fin septembre 2025, le Conseil général de l'économie estime que 1,1 à 1,8 million de locaux en domaine privé (soit 8%) relèvent de la catégorie "complexe", auxquels s'ajoute environ 1% en domaine public. Au-delà de cette vision macro, il restait à définir précisément ce qu'est un raccordement complexe et une méthodologie pour les résorber alors que la fermeture du cuivre s'accélère (voir notre article du 12 septembre 2025).

Une définition claire

C'est ce que propose le guide présenté le 17 décembre 2025 par le cercle Credo qui réunit les acteurs de la fibre. Celui-ci a mobilisé une trentaine de structures de l'écosystème fibre (industriels, opérateurs, associations de collectivité, État) pour le rédiger. "Jusqu'au dernier moment nous avons eu des arbitrages sur certaines lignes", a fait valoir Didier Cazes du cercle Credo à l'occasion d'un webinaire de présentation suivi d'un débat.

Le guide identifie ainsi comme complexes les situations où le raccordement entre le point de branchement optique (PBO) et le logement se heurte à des obstacles techniques avérés : fourreaux bouchés ou inexistants, passages en domaine privé nécessitant des accords de voisinage, configurations d'immeubles rendant impossible une intervention classique. Le guide clarifie aussi la répartition des responsabilités. "C'est un sujet compliqué, mais rien n'est infaisable, le seul déterminant ce sont les coûts", résume Zacharia Alahyane membre du collège de l'Arcep.

Du reste, le guide ne tranche pas la question des seuils d'intervention. Les échanges ont montré que certains territoires sont beaucoup plus volontaristes que d'autres dans ce domaine, de nombreux RIP ayant atteint une couverture FttH proche des 100%. A minima, Mireille Bonnin de la FNCCR estime que "tout local raccordé au cuivre doit pouvoir avoir la fibre", les solutions 4G/5G fixe ou satellitaires devant être considérées comme "des palliatifs temporaires". 

Une variable formation des techniciens

Si le guide détaille toutes les alternatives techniques disponibles avec de nombreux schémas explicatifs à l'appui, le vrai sujet reste celui de la mise en œuvre opérationnelle. Car les disparités des pratiques entre techniciens restent "énormes". Aux côtés de "MacGyver de la fibre" capables de résoudre les situations les plus compliquées, certains renoncent avec des échecs de raccordement parfois dus à un outil manquant... 

Cette réalité conduit l'Avicca à proposer un critère supplémentaire au raccordement complexe : "Il devrait inclure un échec après une tentative réalisée dans les règles de l'art" estime Ariel Turpin, son délégué général. Une manière de distinguer les situations réellement compliquées des échecs dus à des défaillances opérationnelles. Et pour aller jusqu'au bout du raisonnement de l'Avicca, ce guide ne remédiera pas aux problèmes structurels de sous-traitance des raccordements des opérateurs commerciaux à des techniciens improvisés. 

Démarrage timide pour l'aide gouvernementale

Les aides publiques seront ensuite décisives pour que le 100% fibre devienne une réalité sur l'ensemble du territoire. À cet égard, la FNCCR et l'Avicca saluent les aides mises en place par l'État à titre de test – limitées aux TPE et particuliers sous condition de ressources - dans les trois premières zones à arrêter le cuivre. Mais encore faut-il que le dispositif soit connu et facile à mettre en œuvre.

Or Lenaïg Catz, de la DGE (direction générale des entreprises), concède un "démarrage timide" avec un "renoncement" des usagers malgré l'aide proposée, "alors qu'il n'y a aucune avance financière à faire de leur côté". Elle a annoncé des enquêtes téléphoniques pour comprendre les freins et, si besoin, "corriger le tir" dès début 2026 via des ajustements réglementaires. Dans les avancées possibles, elle a dit avoir "entendu" le souhait d'ouvrir aux communes rurales un dispositif dont elles sont pour le moment exclues.

Au-delà des "pilotes et expérimentations, l'Avicca et la FNCCR réclament un traitement "structurel et durable" du financement. Car le sujet pourrait durer, par exemple avec des résidents secondaires décidant dans quelques années de s'équiper en fibre. En outre, les associations demandent une clarification juridique sur les limites des parties publiques et privatives du réseau. Celle-ci est inscrite dans le projet de loi simplification toujours en instance à l'Assemblée.

 

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