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Transports - Le Havre craint la concurrence du canal Seine-Nord et organise une table ronde fin juin

Une table ronde sur les problèmes de concurrence que pourrait poser la construction du Canal Seine-Nord Europe au détriment du port du Havre, aura lieu dans cette ville vers la mi-juin, a appris l'AFP le 4 juin auprès du député-maire Edouard Philippe (Les Républicains). "Je suis content que cette table ronde, annoncée mercredi lors d'une réunion de la Commission du développement durable (de l'Assemblée Nationale,ndlr) ait lieu", a-t-il déclaré. "Les professionnels havrais et normands en général vont pouvoir exposer clairement ce qu'ils pensent de ce projet et je pense qu'ils seront assez critiques", a ajouté Edouard Philippe. La date de cette réunion n'est pas encore connue. Elle pourrait être fixée au 17 juin. Cette table ronde avait déjà été réclamée par des députés socialistes de Seine-Maritime, notamment Valérie Fourneyron, ex-ministre des Sports et ancienne maire de Rouen.
Le gouvernement est favorable au projet Seine-Nord Europe pour lequel il espère un financement à 40% de l'Union européenne. D'un coût évalué à 4,5 milliards d'euros, le projet vise à creuser un canal long de 106 km entre l'Oise et le canal Dunkerque-Escaut,  qui permettra une liaison fluviale en continu pour les marchandises entre le Benelux et la région parisienne. Les travaux doivent débuter en 2017 pour une mise en service en 2023. Mais en Normandie, de nombreux responsables économiques et politiques estiment que le canal va favoriser les ports de Rotterdam et d'Anvers au détriment du Havre. Celui-ci occupe aujourd'hui la rang de premier port français de transport de conteneurs mais il est déjà nettement devancé ses concurrents du Benelux.
Edouard Philippe met en avant le coût financier et environnemental du projet de canal Seine-Nord, doute de sa rentabilité et de l'ampleur du report du trafic routier vers le transport fluvial qu'il pourrait entraîner. Dans une tribune parue dans Les Echos à la mi-mars, il soulignait notamment la différence de coût avec le projet d'autoroute ferroviaire d'acheminement du fret entre Le Havre et l'Europe centrale par Amiens et Châlons-en-Champagne (160 millions).
Les socialistes normands plaident, eux, pour une aide accrue de l'Etat en faveur de l'axe Seine pour résister à cette concurrence."Si vous placez David face à Goliath et qu'en plus vous donnez des gants de boxe à Goliath, c'est plus compliqué. Donc il faut rapidement donner des épinards à David", a déclaré de son côté à l'AFP Nicolas Mayer-Rossignol, président de Haute-Normandie et tête de liste du PS pour les élections régionales.