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Cinquième vague de Covid-19 : vaccinations maximales et contraintes minimales

L'étau se resserre sur les non-vaccinés : le ministre de la Santé a dévoilé, jeudi, les mesures qui vont être mises en oeuvre pour contenir l'épidémie qui repart. "Ni confinement, ni couvre-feu, ni fermeture anticipée des commerces, ni limitations de déplacements", le gouvernement mise sur une généralisation de la troisième dose de vaccin à tous les majeurs, condition nécessaire au maintien du passe sanitaire. Dès vendredi, un décret va rendre à nouveau obligatoire le port du masque "partout en intérieur et dans les lieux couverts par un passe sanitaire". À compter du 29 novembre, la validité des tests (PCR ou antigéniques) passera de 72 à 24h. Pour ce qui est de la vaccination des 5-11 ans, le gouvernement se donne encore le temps de consulter les autorités compétentes. L'Association des maires de France répond présent à la nouvelle campagne de vaccination qui s'engage mais demande une "approche territorialisée" en s'appuyant le plus possible sur la médecine de ville.

"Oui le virus circule à nouveau. Il circule vite, il circule partout, en France et dans le monde [...]. Oui la France connaît à son tour une cinquième vague. Oui cette cinquième vague est sans conteste plus forte, plus longue, que la quatrième vague survenue cet été." Dans sa conférence de presse d'aujourd'hui – avec le retour du format habituel en duo avec le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé –, Olivier Véran s'est voulu très clair. Il a expliqué la brusque poussée du variant Delta, plus contagieux que ses prédécesseurs, par les conditions automnales et hivernales, mais aussi par le net relâchement dans le respect des gestes barrières. Mais, pour le ministre des Solidarités et de la Santé, il n'y a "aucune fatalité face à ce cycle [...]. On a encore notre destin entre nos mains", grâce notamment à une couverture vaccinale parmi les fortes au monde et au déploiement du passe sanitaire.

Ni confinement, ni couvre-feu, ni fermetures anticipées, ni limitations de déplacements

Pour autant, Olivier Véran a été tout aussi clair : il n'y aura "ni confinement, ni couvre-feu, ni fermeture anticipée des commerces, ni limitations de déplacements", car "nous faisons le choix de concilier liberté et responsabilité". Il apparaît en effet possible, à ce jour, de surmonter cette cinquième vague sans recourir aux outils les plus contraignants. Olivier Véran a néanmoins annoncé un certain nombre de mesures.
Avant de les détailler, il a laissé le professeur Salomon présenter les derniers chiffres de la situation épidémiologique. L'Europe est en effet devenue l'épicentre de la pandémie, avec un taux d'incidence qui dépasse 270 pour 100.000 habitants, contre 48,5 au niveau mondial. À ce jour, 67% des nouvelles contaminations se situent en Europe. Au niveau national, l'ensemble de la France métropolitaine est touchée de façon homogène, avec un taux d'incidence de 193 pour 100.000 habitants et un R effectif de 1,6 (vitesse de circulation du virus qui correspond à un doublement tous les 11 jours). La barre des 36.000 cas quotidiens a été franchie le 22 novembre (ce qui correspond au pic de la quatrième vague en août). Bien qu'il existe un décalage d'une quinzaine de jours, les hospitalisations sont également en hausse, avec 8.765 malades hospitalisés à ce jour, dont 1.483 en soins critiques. Selon les projections de l'Institut Pasteur, le pic des hospitalisations pourrait être atteint dans la première quinzaine de décembre. Si l'impact de la cinquième vague est bien réel, il est cependant nettement atténué grâce à la couverture vaccinale : 88% des Français de 12 ans et plus sont aujourd'hui vaccinés avec deux doses.
Pour Olivier Véran, sans la couverture vaccinale, on serait déjà "submergé" par la cinquième vague : "Le vaccin nous protège. Il ne faut pas, il ne faut plus en douter." Mais son effet s'atténue au fil d'un temps, d'où les annonces du ministre de la Santé.

Généralisation de la troisième dose et peut-être demain les 5-11 ans

La principale annonce concerne la vaccination. Suivant les recommandations de la HAS (Haute Autorité de santé), le rappel de vaccination avec la troisième dose est désormais ouvert à tous les adultes de 18 à 65 ans, soit 25 millions de Français. Pour leur part, 6 millions de plus de 65 ans ont déjà reçu la troisième dose (sur un total d'environ 14 millions). Ces chiffres excluent bien sûr les mineurs, mais aussi les 6 millions de Français qui n'ont pas encore eu leur première dose. 
Autre annonce sur la vaccination : le rappel avec la troisième dose est désormais possible – à compter du samedi 27 novembre – dès 5 mois après la seconde dose ou l'infection par le Covid-19 (celle-ci étant assimilée à une vaccination dans la mesure où elle produit des anticorps). La HAS vient de recommander cet abaissement à 5 mois au lieu de 6. En termes logistiques, Olivier Véran a annoncé diverses mesures, comme des opérations avec des médiateurs sanitaires pour les publics fragiles isolés (en lien avec les collectivités territoriales) ou l'installation de "barnums" dans les centres commerciaux (qui fonctionnent bien). Le ministre de la Santé appelle également les médecins, les pharmaciens et les infirmiers à sensibiliser leurs patients. En outre, plus de 1.100 centres de vaccination sont actuellement ouverts et d'autres vont l'être dès ce weekend, en lien avec les collectivités territoriales, les ARS et les préfets.
Olivier Véran s'est aussi voulu rassurant sur les doses disponibles. La France dispose en stock, à ce jour, de plus de 25 millions de doses de vaccins par ARN messager (Pfizer ou Moderna), dans les hôpitaux et chez les professionnels de santé libéraux. Aujourd'hui, "les professionnels peuvent commander autant de vaccins qu'ils le souhaitent". Le ministre se veut optimiste pour la réalisation de cette campagne massive : "C'est une prouesse logistique, mais on l'a déjà réalisée ce printemps et cet été."
Dernière mesure – en gestation – sur les vaccins : la vaccination des 5-11 ans, comme l'ont déjà fait un certain nombre de pays hors UE. Le jour même de la conférence de presse, l'Agence européenne du médicament s'est prononcée en faveur de l'ouverture de la vaccination pour les 5-11 ans. Si la mesure se confirme, elle ne sera cependant pas immédiate. Le gouvernement va d'abord saisir le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), car il s'agit en l'occurrence de décision concernant des enfants, qui ne peuvent donc pas prendre une décision. Ensuite, il saisira la HAS. Si la mesure se confirme, la vaccination ne pourrait pas commencer avant le début de 2022, car il faudra alors recevoir des doses diluées, adaptées aux jeunes enfants.(voir aussi notre article du jour "Covid : le protocole de traçage à l'école va être 'réajusté'") 

Désactivation du passe sanitaire sept mois après la seconde dose

Si la vaccination, et plus spécifiquement le rappel avec la troisième dose, est au cœur de la réponse à la cinquième vague, Olivier Véran a fait également plusieurs annonces sur le passe sanitaire. Tout d'abord, celui-ci sera désactivé (après un message d'alerte quelques jours avant) si on n'a pas reçu sa troisième dose avant la limite de 7 mois après la deuxième (ou après l'infection le cas échéant). Cette mesure s'appliquera à compter du 15 décembre pour les plus de 65 ans (comme cela était déjà annoncé), mais aussi à compter du 15 janvier 2022 pour tous les autres publics.
En outre, à compter du 29 novembre, les tests PCR ou antigéniques requis pour les personnes non vaccinées ne seront plus valables que durant 24 heures, au lieu de 72 heures actuellement (et, pour mémoire, 48 heures durant les précédents pics épidémiques). Comme aujourd'hui, ce délai de 24 heures court à compter du prélèvement et non pas de la remise des résultats, ce qui devrait pousser vers le test antigénique, dont le résultat est obtenu en quelques minutes, contrairement au PCR. Et, toujours comme aujourd'hui, ces tests seront payants pour l'utilisateur (sauf prescription médicale ou situation de cas contact). En clair, et même si Olivier Véran s'en tient à l'expression de passe sanitaire et refuse celle de passe vaccinal, la pression en faveur de la vaccination monte encore d'un cran.

Le masque obligatoire "partout en intérieur et dans les lieux couverts par un passe sanitaire"

Enfin, le ministre de la Santé a rappelé le rôle essentiel des gestes barrières, qualifiés d'"outils inestimables", même s'ils peuvent paraître parfois "dérisoires". Si la mobilisation autour de ces gestes (gel, aération systématique, lavage des mains, pas de poignées de mains ni embrassades...) relève essentiellement de la responsabilité de chacun, Olivier Véran a néanmoins annoncé une mesure forte. Dès vendredi, un décret va rendre à nouveau obligatoire le port du masque "partout en intérieur et dans les lieux couverts par un passe sanitaire", ce qui inclut notamment les salles de sports, les discothèques ou les salles de spectacle. De leur côté, les préfets pourront, en fonction de la situation locale, rendre le masque obligatoire en extérieur pour des événements comme les marchés de Noël (soumis au passe sanitaire) ou les brocantes.
Le ministre de la Santé a voulu conclure sur une note optimiste, en annonçant l'arrivée très prochaine de nouveaux traitements, et notamment le Molnupiravir (du laboratoire américain Merck), qui présente l'avantage d'être distribuable en ville, contrairement au traitement injectable actuel, réservé aux personnes très à risque et qui ne peut être délivré qu'à l'hôpital. 

"Le gouvernement peut compter sur les maires", a réagi l'Association des maires de France (AMF), après avoir été consultée le matin même, au côté d'autres associations d'élus. Elle souligne "l’importance d’une approche territorialisée" pour l’organisation de la campagne de vaccination. "Le rôle de la médecine de ville doit être favorisé et se subsister progressivement aux centres de vaccination", préconise-t-elle. "Face au constat de disparités régionales des remboursements des frais engagés par les collectivités pour les centres de vaccination", elle demande au gouvernement un "remboursement systématique" pour l'ensemble des communes de France. Le nouveau président de l'association David Lisnard s'est opposé "à toute éventuelle interdiction des rassemblements, mesures de confinement, de couvre-feu ou de fermeture des équipements".

 

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