
Soutenir l’essor des tiers-lieux
Les tiers-lieux rencontrent de plus en plus de succès : il en existe déjà plus de 2 000 en France, et des centaines sont en projet. Ces espaces collaboratifs de partage souhaitent faire émerger des solutions alternatives pour l’économie de demain, grâce à l’intelligence collective et à l’ancrage local. Un concept innovant que la Banque des Territoires encourage en déployant une offre complète de services : investissement, ingénierie et accompagnement méthodologique.
S’informer sur les tiers-lieux
Le rapport Levy-Waitz publié en 2018 a donné une première définition aux tiers-lieux : un tiers-lieu est avant tout un écosystème socio-économique local qui constitue son fondement. Le projet de tiers-lieu est élaboré en co-construction avec l’ensemble des parties prenantes, formant ainsi un réseau. Les activités produisent pour partie des biens communs mis à disposition de la communauté à l’échelle du territoire. Cet ancrage territorial leur permet d’avoir un fort impact.
Les typologies de ces lieux sont variées, allant de l’agriculture à l’innovation sociale et rurale. Face aux évolutions sociétales et au développement des nouveaux modes de travail et de consommation, la demande de création de tiers-lieux est aujourd’hui en forte croissance.
Une communauté qui forme un écosystème
Bien plus qu’un simple espace physique, le tiers-lieu est un écosystème citoyen visant à bâtir le monde de demain grâce aux synergies entre les membres de la communauté qu’il rassemble. La constitution de cet écosystème est l’acte fondateur du tiers-lieu : il permet d’établir le projet à partir des actions collectives d’une communauté (habitants, entreprises, corps intermédiaires, collectivités locales, associations…), et non à partir d’une somme d’actions individuelles.
Une gouvernance partagée
Loin des logiques verticales, les tiers-lieux appliquent un fonctionnement participatif, sur le modèle « pair à pair », avec une gouvernance partagée. Cela permet de favoriser l’interaction sociale et le partage des savoir-faire. La méthode de co-construction des projets aide aussi les citoyens à gagner en compétences.
Des réseaux issus des tiers-lieux sont développés sur l’ensemble du territoire pour décupler la production de biens communs et diffuser le plus largement possible les bonnes pratiques. Les tiers-lieux s’intègrent ainsi aux projets de développement locaux en y apportant une valeur ajoutée, au service des usagers.
Une grande diversité de tiers-lieux
Aucun tiers-lieu ne se ressemble vraiment : certains sont généralistes tandis que d’autres se concentrent sur une thématique spécifique. Il existe des tiers lieux d’activités, qui désignent des espaces de travail partagés et collaboratifs, des tiers-lieux numériques visant à développer des procédés innovants, mais aussi des tiers-lieux d’innovation sociale qui répondent aux enjeux de société, en passant par des tiers-lieux culturels de partage des savoirs, des tiers-lieux de services comme les conciergeries solidaires ou encore des tiers-lieux ruraux qui portent des sujets autour de l’agriculture. L’objectif étant toujours de produire des biens communs.
Voici quelques exemples de tiers-lieux accompagnés par la Banque des Territoires :
L’hermitage
L’hermitage est un tiers-lieu d’innovation sociale et rurale basé à Autrêches dans l’Oise. Situé dans un site historique ayant été un haut lieu de résistance durant la 1ère guerre mondiale, il s’étend sur 30 hectares, dont 21 hectares de forêt. Avec un objectif initial fort : recréer du lien entre villes et campagnes.
La communauté du tiers-lieu entend repenser les modes de vie à l’échelle locale, à travers le prisme de l’écologie, de l’intelligence collective et des valeurs sociales. L’hermitage mène déjà de nombreux projets : lancement d’un café-cantine, développement d’une microferme pédagogique de culture raisonnée sur trois hectares, lancement d’une association réunissant consommateurs et producteurs locaux…
L’hermitage dispose également d’un Fablab, c’est-à-dire un laboratoire de fabrication, afin d’encourager les citoyens à devenir acteurs du numérique et à gagner en autonomie face aux technologies informatiques et électroniques, en particulier sur le sujet de l’agro-écologie. Ce tiers-lieu d’innovation sociale et rurale rassemble donc dans un même écosystème de nombreux enjeux territoriaux.
La ferme du Trichon
Cette ferme urbaine située en plein centre-ville de Roubaix (Hauts-de-France) est un tiers-lieu « nourricier » qui a émergé grâce aux habitants du quartier engagés dans le milieu associatif. Il s’agit d’un écosystème d’action et de réflexion autour de la transition écologique basé sur l’échange de savoirs et la production alimentaire. L’objectif est de trouver des solutions collectives autour de l’alimentation et de la production locale pour diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des riverains.
Pour atteindre ce but, la ferme du Trichon propose plusieurs activités :
- Programmes d'apprentissage des techniques naturelles de production alimentaire à faible empreinte écologique.
- Activités pédagogiques de découverte de l'agriculture urbaine et de reconquête d'une biodiversité urbaine, notamment à destination des jeunes.
- Développement de liens de coopération ville-campagne pour contribuer à promouvoir un système alimentaire local.
- Ateliers de réparation d’objets
- Mise en place de jardins partagés…
À terme, la ferme du Trichon souhaite reconstituer un sol fertile au cœur de Roubaix afin de créer un maraîchage local accessible à tous.
L’ancienne gare de Lunel
Dans l’Hérault, les anciens bâtiments ferroviaires de Lunel vont trouver une seconde vie en tant que tiers-lieux social, sous l’impulsion de la Communauté de communes du pays de Lunel et du groupe SNCF Immobilier. Alors qu’un nouveau pôle de mobilité est en train de se construire autour de la gare actuelle, l’ancienne gare doit inventer de nouveaux usages en fonction des besoins locaux, avec la question du lien social comme axe central.
Des expérimentations sont actuellement menées afin de tester les usages potentiels du futur tiers-lieu, à savoir :
- Un espace d’accueil pour les femmes victimes de violences
- Un espace de travail pour les étudiants usagers du futur pôle de mobilité de la gare actuelle
- La création d’une école destinée aux personnes en exclusion numérique
- L’intégration d’une ludothèque et d’une cantine associative
- Un lieu de recyclage de produits invendus par les supermarchés
- L’accueil de débats et d’ateliers intergénérationnels
La caserne Marceau
Au cœur de Limoges, ce projet de tiers-lieu doit insuffler une nouvelle dynamique au quartier Carnot-Marceau. Porté par la ville et par un collectif de 180 adhérents d’horizons différents (associations, entreprises, artisans, institutionnels...), le futur tiers-lieu Marceau sera un espace de partage spécialisé dans l’environnement, l’écoconstruction, l’économie circulaire et l’artisanat créatif. Il souhaite devenir le prolongement de l’esprit actuel du quartier : un Iieu de mixité, d'échanges et de partage.
Comme son nom l’indique, le tiers-lieu Marceau se développera au sein du Bâtiment 25 de l’ancienne caserne Marceau, qui servait autrefois de chambrée et de magasin pour les forces armées.
À terme, il devrait proposer de nombreux services aux habitants :
- Des espaces de travail partagé et collaboratif : bureaux privatisables, espace de coworking, pépinière de projets, ateliers de production et de création, lieux de tests et d’expérimentations de type Fablab
- Des espaces ressources : conciergerie, services de quartier autour de l’économie circulaire, point d’information sur le climat, l’écoconstruction et l’énergie
- L’accueil d’événements : expositions, spectacles, conférences, événements de médiation scientifique et culturelle
- Un espace de rencontre et de convivialité permettant des échanges informels, des salles de réunion et de formation, des espaces extérieurs conviviaux.
Les centres Afpa
La Banque des Territoires accompagne les centres Afpa dans leur transformation en tiers-lieux de l’insertion sociale et professionnelle.