Le gouvernement Lecornu II entre en scène

Après une longue semaine d'agitation politique et la renomination de Sébastien Lecornu, un gouvernement au complet est désormais en place, même si sa longévité reste incertaine. En place, en tout cas, pour la présentation du projet de loi de finances et la déclaration de politique générale ce mardi 14 octobre. Les collectivités auront notamment remarqué la montée en grade de Françoise Gatel, qui devient ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Et l'arrivée de deux présidents d'associations d'élus locaux : Michel Fournier, président des maires ruraux, comme ministre délégué à la Ruralité, et Sébastien Martin, président d'Intercommunalités de France, qui rejoint Bercy à l'Industrie. Logement, fonction publique, transition écologique, ministères sociaux... d'autres portefeuilles retiennent aussi l'attention.

Vendredi 10 septembre, 22h, communiqué de l'Élysée. Sébastien Lecornu est renommé Premier ministre. Dimanche 12 septembre, 22h, nouveau communiqué. La composition du gouvernement Lecornu II est annoncée.

Ce lundi 13 septembre, après des passations de pouvoir que Matignon avait souhaité "sobres", sans presse ni invités, Sébastien Lecornu a réuni ses nouveaux ministres en début d'après-midi, soulignant dans ses quelques mots d'introduction que la "seule mission" du gouvernement est de "surpasser la crise politique", et appelant chacun à l'"humilité". Sa priorité : "donner un budget à la France d'ici la fin de l'année".

Un premier conseil des ministres doit se tenir ce mardi matin à l'Élysée. Le gouvernement y présentera les deux textes budgétaires, le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), afin qu'ils puissent être transmis dans la foulée au Parlement. In extremis pour être dans les temps. Parallèlement, la commission des finances de l'Assemblée nationale, présidée par le député LFI Éric Coquerel, commencera ses auditions. Elle entendra à 10h30 le président de la Cour des comptes et du Haut Conseil des finances publiques, Pierre Moscovici, puis à 19h le ministre de l'Économie, Roland Lescure, et la ministre de l'Action et des Comptes publics, Amélie de Montchalin.

L'objectif est de garder le déficit en dessous des 5% du PIB, au lieu de 4,7%, a confirmé la nouvelle porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. Un assouplissement qui laisse une marge de 9 milliards d'euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions. En tout cas, la copie qui sera présentée ce mardi devrait n'être qu'une première ébauche. Reste à savoir dans quelle mesure celle-ci gardera le parfum de ce qu'avait envisagé François Bayrou. Sébastien Lecornu a promis de ne pas utiliser l'article 49.3 de la Constitution afin de redonner la main au Parlement. "Tous les dossiers" évoqués lors des consultations menées la semaine dernière "seront ouverts au débat parlementaire", a-t-il assuré. Il dispose néanmoins d'autres outils constitutionnels pour faire avancer les débats. 

Ce mardi également, l'heure de vérité sera la déclaration de politique générale que le Premier ministre doit prononcer à 15h. Les socialistes y attendent notamment la suspension "immédiate et complète" de la réforme des retraites de 2023. Le RN et LFI comptent censurer le gouvernement dès cette semaine. La motion LFI, qui est prête, sera soumise au vote des députés après la déclaration de politique générale. Le RN a également la sienne et votera celle des Insoumis - l'inverse n'étant pas vrai. Le gouvernement "va évidemment tomber", a pronostiqué Jean-Luc Mélenchon lundi, estimant que les socialistes allaient voter la motion LFI.

Tout dépendra en tout cas du PS. Lors d'une réunion avec les chefs de parti vendredi, le président de la République avait esquissé une concession : un décalage dans le temps de "la mesure d'âge" de départ à la retraite (passage progressif à 64 ans). Mais ce geste reste insuffisant aux yeux de la gauche.

Le nouveau binôme Gatel-Fournier

Alors que la fin du weekend approchait à grands pas, on aurait pu s'attendre à la nomination dimanche d'une équipe réduite, sans ministres délégués, uniquement destinée, dans un premier temps, à tenir le calendrier budgétaire. C'est finalement un gouvernement au complet dont la liste a été officialisée par décret. Avec pas mal de nouveaux visages ou du moins de nouveaux entrants. Si l'entrée en scène de la "société civile" a été mise en avant, en réalité, sur 34 membres, 26 sont bien issus de forces politiques, dont onze du parti présidentiel Renaissance. Et six ministres de droite, qui ont été écartés de LR.

Pour les collectivités, on reste en terrain connu. Après François Rebsamen et un Éric Woerth dont le nom n'était apparu que le temps d'une nuit il y a une semaine (voir notre article "Ce gouvernement Lecornu qu'on n'aura pas connu"), c'est Françoise Gatel qui devient ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Celle qui avait fait ses cartons en même temps que François Bayrou après avoir été ministre déléguée chargée de la ruralité (gouvernements Bayrou et Barnier) prend donc du galon. On ne présente plus cette figure du monde des élus locaux. Longtemps maire, présidente d'interco, vice-présidente en 2014 de l'Association des maires de France, très présente chaque année au micro des plénières du congrès des maires… et sénatrice UDI, auteure de la loi sur les communes nouvelles, présidente de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation… et à l'origine de la proposition de loi sur le statut de l'élu dont on attend toujours la fin de parcours parlementaire, si possible avant les prochaines municipales.

Si ce gouvernement survit à la censure, voilà donc en principe Françoise Gatel en première ligne pour travailler sur la relance de la décentralisation qu'entend mener Sébastien Lecornu. Un dossier que celui-ci avait mis en avant dès sa première nomination à Matignon (voir notre article du 22 septembre). Et qui devrait rester d'actualité puisque ce samedi 11 octobre, lors d'un déplacement au commissariat de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, le Premier ministre a redit vouloir donner plus de "responsabilités" aux élus locaux et développer "l’intelligence locale". Dans une interview accordée ce 13 octobre à Acteurs publics, Françoise Gatel affirme : "Nous devons désormais mener à bien ce chantier en desserrant les choses, en donnant un véritable pouvoir d’agir aux collectivités et que l’État se concentre sur ses fonctions régaliennes et la péréquation, c’est‑à‑dire sur la solidarité avec les territoires."

S'agissant du volet aménagement du territoire de son portefeuille, difficile de jouer aux devins, la notion même d'aménagement du territoire ayant été relativement peu présente dans la décision et le débat publics depuis un bon moment. Doit-on toujours attendre la publication du rapport de Dominique Faure sur le sujet, initialement prévue pour la fin de l'année ? L'ancienne ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité des gouvernements Borne et Attal avait été chargée en juin dernier par François Rebsamen d'une mission pour dessiner les grands axes d'une politique "renouvelée" en la matière (voir notre article).

En matière de soutien à la ruralité, ce champ dont Françoise Gatel avait la charge jusqu'ici, on se référera notamment au comité interministériel aux ruralités de juin dernier (voir notre article) avec, en principe, la poursuite du plan France ruralités, et celle du programme "Villages d'avenir". Un programme porté à l'origine par le président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), Michel Fournier… nommé dimanche ministre délégué à la ruralité auprès de Françoise Gatel. L'AMRF, qui était réunie fin septembre pour son congrès (voir notre article), s'est naturellement félicitée de cette nomination qui, dit-elle, "constitue pour l’ensemble des maires ruraux une véritable source de fierté" et "nourrit un espoir partagé, celui de voir la ruralité représentant 88 % du pays, enfin considérée au cœur des politiques publiques, non comme un supplément d’âme, mais comme une priorité nationale".

Vincent Jeanbrun pour "réparer les quartiers" ?

La ruralité d'un côté, la ville de l'autre. Le portefeuille de la politique de la ville rejoint en effet une nouvelle fois celui du logement et quitte le pôle Cohésion des territoires pour un ministre de plein exercice. Il est confié à Vincent Jeanbrun, député LR du Val-de-Marne et ancien maire de L'Haÿ-les-Roses. L'élu, on s'en souvient, avait émergé médiatiquement durant les émeutes de l'été 2023, lorsque son domicile avait été attaqué à la voiture-bélier. Il s'est par la suite souvent exprimé au nom des maires, notamment pour critiquer les réponses gouvernementales en matière de sécurité. En tant que député, celui qui devient ministre du Logement et de la Ville a notamment été rapporteur d'une proposition de loi visant à prioriser les travailleurs dans l'attribution de logements sociaux, qui n'est pas arrivée en séance.

Sa nomination semble diversement appréciée par les acteurs du secteur du logement. L'Union sociale pour l'habitat est en tout cas satisfaite qu'un ministère de plein exercice soit de nouveau d'actualité. Mais attend la déclaration de politique générale pour se faire une idée des dossiers qu'elle peut espérer rouvrir avec lui. Et si elle ne le mentionne pas aujourd'hui, l'USH n'a sans doute pas oublié le "plan banlieue" publié en juin dernier par Vincent Jeanbrun. Une contribution intitulée "Réparer les quartiers - Rétablir la République" dont une partie des propositions iconoclastes, aux yeux de plusieurs experts, démontraient "une méconnaissance du secteur" : "fin du logement social à vie", plafond SRU fixé à 30%, "exclusion des familles de délinquants du parc social", etc.

La fonction publique est-elle soluble dans les comptes publics ?

Un autre portefeuille perd lui en revanche son statut de "plein exercice". Celui de la fonction publique. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, et après plusieurs années sous la tutelle de Bercy, la fonction publique avait obtenu un ministère de plein exercice en 2020, dont Amélie de Montchalin (2020-2022) avait pris la tête. Cinq ans plus tard, la nomination du macroniste David Amiel comme ministre délégué de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat, qui plus est sous l'égide de Bercy et plus précisément des comptes publics, marque une rupture. Plusieurs organisations syndicales y voient un "très mauvais signal" envoyé aux agents et craignent "la tutelle austéritaire" de Bercy.

Ce nouveau périmètre permet toutefois à Amélie de Montchalin, qui reste aux Comptes publics, de récupérer un ministère qui lui est familier, où elle était notamment parvenue à obtenir un accord à l'unanimité sur la protection sociale complémentaire des agents publics (PSC). De quoi donner quelques gages à Mylène Jacquot, secrétaire général de la CFDT fonction publique, qui estime que ce rattachement "peut interroger" mais que "l'expérience de la ministre lui permet de bien connaître le sujet".

David Amiel avait porté une proposition de loi pour améliorer l'accès au logement des agents publics. Mais le texte, soutenu par le gouvernement, n'avait pas eu le temps d'être entièrement examiné.

L'industrie au prisme des territoires

Restons à Bercy. Nommé ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et énergétique lors du gouvernement Lecornu I, Roland Lescure est reconduit avec un portefeuille en plus : la souveraineté numérique. Il est secondé par deux ministres : Sébastien Martin, ministre chargé de l’industrie (poste que Roland Lescure a lui-même occupé de 2022 à 2024 sous les gouvernements Borne et Attal) et de Anne Le Henanff, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique.

L’arrivée de Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France, à l'Industrie, c’est aussi l’idée que la réindustrialisation, aujourd’hui en panne, passera par les territoires. Celui qui a réussi la relance de l’industrie dans le Grand Chalon est un fervent défenseur des "Territoires d’industrie". Il partage à cet égard la vision d’Olivier Lluansi. Vision que l’ancien délégué aux Territoires d’industrie avait défendue dans un rapport remis à Roland Lescure au printemps 2024 et que ce dernier avait enterré. L’expert avait eu le tort de juger "intenable" le retour à 15% d’industrie dans le PIB d'ici 2035.

Serge Papin est pour sa part nommé ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme et du Pouvoir d’achat. Discret depuis deux ans, l'ex-patron de Système U trouve un portefeuille taillé sur mesure, après avoir longtemps bataillé pour le "pouvoir d’achat". C’est en tout cas a priori de bon augure pour le rapport sur l’avenir du commerce (voir notre article) que son successeur à la tête de Système U, Dominique Schelcher s’apprête, à remettre avec Antoine Saintoyant, directeur de la Banque des Territoires, et Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin (voir notre interview). Sans ministre délégué (on avait eu Marina Ferrari sous Barnier et Nathalie Delattre sous Bayrou), le tourisme en revanche risque d'être quelque peu noyé dans ce vaste ministère.

Trois nouveaux venus pour la transition écologique

Monique Barbut, proche d’Emmanuel Macron et ancienne présidente du WWF France, a été nommée ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature. À 69 ans, elle succède à Agnès Pannier-Runacher, une fidèle de la première heure du président de la République, membre de tous les gouvernements depuis 2018, qui a indiqué ne pas vouloir être reconduite dans le gouvernement Lecornu II, au nom de "la rupture". Avant sa nomination au gouvernement, Monique Barbut était envoyée spéciale de l’Élysée sur le climat et envoyée spéciale des dix ans de l’accord de Paris, qui seront célébrés le 12 décembre prochain. Après un long parcours au sein de l'Agence française de développement (AFD), elle a effectué une partie de sa carrière dans des postes internationaux au service de la protection de l'environnement. Elle a notamment occupé le poste de secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies (ONU) sur la lutte contre la désertification, entre 2013 et 2019, année au cours de laquelle elle a été nommée envoyée spéciale du président de la République pour la biodiversité dans le cadre du One Planet Summit. Elle a aussi été présidente et directrice générale du fonds pour l'environnement mondial, entre 2006 et 2012 après avoir dirigé la division "technologie, industrie et économie" du Programme des Nations unies pour l'environnement entre 2003 et 2006. Sa nomination intervient à moins d'un mois de l'ouverture de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP30) qui prend ses quartiers à Belem au Brésil du 10 au 21 novembre. Elle hérite aussi d’un portefeuille qui a vu ses marges de manoeuvre réduites, entre reculs environnementaux, coupes budgétaires et attaques contre les énergies renouvelables ou les agences nationales environnementales, largement dénoncées par sa prédécesseure.

Deux ministres délégués ont été nommés à ses côtés. D'une part, Catherine Chabaud, chargée de la mer et de la pêche. L’ex-eurodéputée MoDem et ancienne navigatrice, aujourd'hui âgée de 62 ans, reprend les attributions de l’ancienne ministre de plein exercice Agnès Pannier-Runacher pour ce qui concerne la mer et la pêche. Catherine Chabaud a commencé sa carrière comme journaliste avant de participer à diverses grandes courses en mer. En 2008, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Écologie, l'avait chargée d'une première mission gouvernementale, sur l'inscription de la plaisance dans une démarche de développement durable. Elle devient par la suite membre du Conseil économique, social et environnemental (2010-2015) et est coordinatrice de la Conférence sur la gouvernance de la haute mer en 2013. Catherine Chabaud multiplie les engagements en faveur des océans, et lance par exemple l'initiative pour faire reconnaître l'océan comme un bien commun de l'humanité, en 2018. Elle est élue l'année suivante eurodéputée sur la liste Renaissance/Modem de Nathalie Loiseau. Au Parlement européen, elle a notamment rédigé en 2021 un rapport sur les effets des déchets marins sur la pêche. Elle ne s'est pas représentée à la fin de son mandat en 2024. Depuis le mois de juillet, elle est membre de l'Académie de marine, affectée à la section "marine marchande, pêche et plaisance", et par ailleurs vice-présidente de l'Institut français de la mer. 

Autre ministre délégué, Mathieu Lefèvre, chargé de la Transition écologique. Élu député Renaissance du Val-de-Marne en 2022, il rentre une nouvelle fois au gouvernement, une semaine après sa nomination comme ministre éphémère en charge des Relations avec le Parlement. Cadre macroniste sur les sujets budgétaires, chantre de la politique de l’offre et proche de Gérald Darmanin, Mathieu Lefèvre a été membre de la commission des finances depuis son élection au Palais Bourbon. "La transition écologique est l'affaire de tous les Français dans leur quotidien. J'aurai à coeur de la rendre concrète et populaire", a-t-il affirmé ce 12 octobre sur le réseau social X. En tant que député, Mathieu Lefèvre a voté contre la loi Duplomb sur l’agriculture et s'est montré favorable au maintien d'une forme de zones à faibles émission (ZFE) réservées aux véhicules les moins polluants, un dispositif que l'Assemblée nationale a abrogé.

Ligne droite en tout cas sur les transports. Déjà ministre des Transports, auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation dans le gouvernement Bayrou depuis décembre dernier, et au sein de l’éphémère premier gouvernement de Sébastien Lecornu, Philippe Tabarot, ancien sénateur LR des Alpes-Maritimes, a été confirmé à son poste. Il est très attendu sur la suite de la conférence Ambition France Transports. Après la remise du rapport de Dominique Bussereau cet été (lire notre article), Philippe Tabarot avait annoncé un futur projet de loi-cadre visant à "pérenniser le financement de la régénération et de la modernisation des infrastructures de transport". Il devra aussi défendre le budget des transports lors de l’élaboration du PLF 2026, pour lequel les professionnels des transports public font assaut de propositions (lire notre article).

Le social coupé en deux ?

Avec Catherine Vautrin, on avait jusqu'ici l'ensemble des "ministères sociaux" sous sa houlette, en tant que ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Avec son départ à la Défense, nouvelle configuration pour ce vaste champ qui a toujours fait l'objet de découpages divers. Désormais, on a d'un côté Jean-Pierre Farandou nommé ministre du Travail et des Solidarités. Et de l'autre la députée Renaissance Stéphanie Rist qui devient ministre de la Santé, des Familles, de l'Autonomie et des Personnes handicapées

Rhumatologue de profession, élue macroniste dans le Loiret, Stéphanie Rist est devenue un pilier appliqué et discret de la commission des affaires sociales au Palais Bourbon, et a été rapporteure du PLFSS de 2022 à 2024. Elle a notamment été l'auteure en 2021 d'un texte visant à traduire dans la loi les promesses non financières du "Ségur de la Santé" et, en 2023, d'une seconde proposition de loi modifiant l'accès à certains professionnels de santé et élargissant les compétences de plusieurs professions paramédicales.

En cas de maintien de ce gouvernement, la parution des décrets d'attribution de ces deux ministres sera sans doute éclairante quant au rôle de chacun… par exemple sur les retraites. Mais aussi sur des enjeux par exemple liés à certaines prestations sociales (le RSA côté Farondou, les allocations familiales côté Rist ?). Notamment dans le cadre du PLFSS.

Intérieur et Outre-Mer, de gros dossiers sur le feu

Actuel préfet de police de Paris, Laurent Nuñez retrouve la place Beauvau : après avoir été secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur entre 2018 et 2020 (notamment au moment de la crise des gilets jaunes), il remplace Bruno Retailleau au poste de ministre de l’Intérieur. Il est secondé par Marie-Pierre Vedrenne, ex-députée européenne totalement étrangère à l’institution. Deux gros dossiers attendent le tandem : les suites du Beauvau des polices municipales et du Beauvau de la sécurité civile. D’autant que devant les sapeurs-pompiers réunis pour leur congrès au Mans, vendredi, Bruno Retailleau n’a pas été avare de promesses (revalorisation du taux d’indemnité horaire des volontaires "avant la fin de l’année", maintien de la nouvelle prestation de fidélisation, publication prochaine d’un nouveau plan sur le volontariat). Promesses qui n’engagent que ses successeurs.

Éphémère ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, de l’Intelligence artificielle et du Numérique du gouvernement Lecornu I, l’ex-députée du Val d’Oise Naïma Moutchou succède à Manuel Valls au ministère des Outre-Mer où de nombreux dossiers "chauds" l’attendent : avenir du projet de loi sur la vie chère, reconstruction de Mayotte, évolution statutaire de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane et, bien sûr, avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. À moins que ce dernier sujet ne remonte à Matignon, Sébastien Lecornu l'ayant érigé au rang des urgences.

 

La composition du gouvernement Lecornu II

  • Sébastien Lecornu, finalement reconduit comme Premier ministre après avoir démissionné cinq jours plus tôt.
    - Laurent Panifous, président du petit groupe de députés indépendants Liot, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement, en remplacement de Mathieu Lefèvre.
    La députée Maud Bregeon (Renaissance ), est nommée porte-parole du gouvernement, poste qu'elle avait déjà occupé dans le gouvernement de Michel Barnier.
    - Aurore Bergé (Renaissance) a été reconduite à son poste de ministre déléguée à l'Egalité entre les hommes et les femmes chargée de la lutte contre les discriminations, mais perd le porte-parolat.
     
  • Laurent Nunez, préfet de police de Paris, est nommé ministre de l'Intérieur, en remplacement de Bruno Retailleau.
    - Marie-Pierre Vedrenne, députée européenne Modem, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur.
     
  • Catherine Vautrin (Renaissance) est nommée ministre des Armées et des Anciens combattants, en remplacement de Sébastien Lecornu. Le Premier ministre avait gardé ce portefeuille après le retrait de Bruno Le Maire, qui avait cristallisé les critiques dans son éphémère premier gouvernement.
    La diplomate Alice Rufo, ministre déléguée.
     
  • Jean-Pierre Farandou, patron en partance de la SNCF, où l'ex Premier ministre Jean Castex doit lui succéder, est nommé ministre du Travail et des Solidarités, en remplacement de Catherine Vautrin.
     
  • Philippe Tabarot (LR), a été reconduit à son poste de ministre des Transports.
     
  • Le député Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe LR à l'Assemblée nationale, est nommé ministre du Logement et de la Ville.
     
  • Françoise Gatel (UDI) est nommée ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation, en remplacement d'Eric Woerth.
    - Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux, chargé de la Ruralité.
     
  • La députée Stéphanie Rist (Renaissance) est nommée ministre de la Santé, des familles, de l'autonomie, et des personnes handicapées.
    La députée Charlotte Parmentier-Lecocq (Horizons), chargée de l'Autonomie et des personnes handicapées, poste qu'elle occupait dans les gouvernements de Michel Barnier et François Bayrou.
     
  • Monique Barbut, ex-présidente de l'association environnementale WWF France, est nommée ministre de la Transition écologique, de la biodiversité, et des négociations internationales sur le climat et la nature.
    - Catherine Chabaud, navigatrice et ex-eurodéputée MoDem, chargée de la Mer et de la Pêche.
    Le député Mathieu Lefèvre (Renaissance) chargé de la Transition écologique.
     
  • Gérald Darmanin (Renaissance) est reconduit à son poste de garde des Sceaux, ministre de la Justice.
     
  • Roland Lescure (Renaissance) est reconduit à son poste de ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté énergétique et numérique.
    Le député Sébastien Martin (LR), chargé de l'Industrie.
    La députée Anne Le Henanff (Horizons), chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique.
     
  • Serge Papin, ex-patron du groupe Système U, est nommé ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d'achat.
     
  • Amélie de Montchalin (Renaissance) a été reconduite à son poste de ministre de l'Action et des Comptes publics.
    Le député David Amiel (Renaissance) chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat.
     
  • Annie Genevard (LR) est reconduite à son poste de ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire.
     
  • Edouard Geffray, ancien directeur de l'Enseignement scolaire, est nommé ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en remplacement d'Elisabeth Borne.
     
  • Philippe Baptiste, ingénieur, ancien président du Centre national d'études spatiales (CNES), est nommé ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Espace, poste qu'il occupait déjà dans le gouvernement Bayrou.
     
  • Jean-Noël Barrot (MoDem) est confirmé à son poste de ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
    Le député Benjamin Haddad (Renaissance), chargé de l'Europe, poste qu'il occupait déjà dans les gouvernements de Michel Barnier et François Bayrou.
    Le député Nicolas Forissier (LR), chargé du Commerce extérieur et de l'attractivité.
    La députée Eléonore Caroit (Renaissance), chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l'étranger.
     
  • Marina Ferrari (MoDem) a été reconduite à son poste de ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative.
     
  • Rachida Dati (LR) est reconduite à son poste de ministre de la Culture.
     
  • La députée et ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou (Horizons) est nommée ministre des Outre-mer, en remplacement de Manuel Valls.
     
 

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